La gestion des chats errants est délicate. Il est devenu impératif pour les municipalités et les associations de maîtriser leur population en contrôlant leur reproduction. En l’espace de 4 ans, un chat non stérilisé peut engendrer plus de 20 000 descendants. Une solution fait l’unanimité : la stérilisation.
En effet, il a été prouvé que l’euthanasie ou le déplacement des colonies de chats restent inefficaces. Alors que la stérilisation est reconnue par tous les experts et en particulier ceux de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette pratique permet de limiter sur le long terme les populations félines sur une zone donnée. Evitant ainsi les arrivées massives de chats en refuge ou en association.
Campagnes de stérilisation : quels enjeux pour les associations et les municipalités ?
Les chats des rues font partie de notre environnement à part entière. Ils sont le maillon d’une chaine écologique dans laquelle ils remplissent une fonction sanitaire en régulant les populations de rats, souris, oiseaux…Mais en surpopulation, les chats peuvent entraîner des dégâts sur tout un éco-système et développer des risques sanitaires.
Limiter les risques sanitaires et les nuisances
En plus de stabiliser sur le long terme sa population, la stérilisation permet aussi d’enrayer les problèmes de nuisances sonores, visuelles (destruction de poubelles,..) et olfactives (marquage urinaire) principalement générées pendant les périodes de rut. De plus, même stérilisé, le chat continue de protéger son territoire. Empêchant ainsi d’autres arrivants de s’installer. En effet, si des chats résident et se développent en un lieu, c’est que celui-ci leur est favorable. Les éradiquer ou les déplacer entraîne leur remplacement spontané et immédiat par d’autres.
De plus, un chat stérilisé est moins enclin à la bagarre. De ce fait, il sera moins exposé aux maladies souvent transmises par morsures ou rapports sexuels. Les chats vivent ainsi plus longtemps et en meilleure santé. Limitant ainsi tout risque sanitaire pour les autres animaux et l’être humain.
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Une population féline mieux gérée pour une meilleure cohabitation avec l'humain
De plus, une population féline bien contrôlée est toujours mieux acceptée par les habitants. Ils seront donc plus enclin à s’occuper de ceux se trouvant près de chez eux. Les campagnes de stérilisation sont aussi l'occasion de sensibiliser les habitants à la cause animale et à l'adoption responsable. Mieux informés ils pourront ainsi faire appel plus facilement aux associations en cas de besoin.
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Une population maîtrisée pour limiter la surcharge en refuge et les euthanasies
Au niveau de la communauté, les campagnes de stérilisations présentent plusieurs avantages. Tout d'abord, la stérilisation diminue le nombre de chats qui passent de la rue aux refuges locaux. Ce qui a un impact considérable sur les taux d'euthanasie. Les rares naissances sur site gérés seront donc rapidement pris en charge et proposé dés sevrage à l’adoption.
Le saviez-vous ? Tout animal trouvé non identifié est déposé en fourrière. Passé le délai légal de 8-10 jours l'animal est transféré en refuge. A défaut de place, la fourrière est contrainte de procéder à l'euthanasie de l'animal.
Un autre avantage est la réduction des coûts pour les agences de contrôle des animaux. Le coût lié aux chats sauvages comprend le temps nécessaire à un agent pour capturer le chat, les dépenses de nourriture et d'hébergement pendant la période d'attente obligatoire ainsi que le coût de la procédure d'euthanasie.
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Stérilisation des chats errants : que dit la loi ?
Article L. 211-27 du code rural : « Le maire peut, par arrêté, à son initiative ou à la demande d’une association de protection des animaux, faire procéder à la capture de chats non identifiés, sans propriétaire ou sans gardien, vivant en groupe dans des lieux publics de la commune, afin de faire procéder à leur stérilisation et à leur identification conformément à l’article L. 214-5, préalablement à leur relâcher dans ces mêmes lieux. Cette identification doit être réalisée au nom de la commune ou de ladite association.
Le saviez-vous ? Depuis 2015, les chats « errants » doivent être stérilisés et identifiés puis relâchés sur les lieux où ils ont été capturés. Le Maire devra justifier de son recours à la fourrière et de son refus de mettre en œuvre un programme de stérilisation. Il ne sera plus en droit de refuser l'aide des Associations qui proposent actions de terrain et financements. Il ne pourra plus refuser d'y participer.
La gestion, le suivi sanitaire et les conditions de la garde au sens de l’article L. 211-11 de ces populations sont placés sous la responsabilité du représentant de la commune et de l’association de protection des animaux mentionnée à l’alinéa précédent. (…) »
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Stérilisation des chats errants : comment cela se passe ?
Lorsqu’un ou plusieurs animaux errants sont signalés, l’association procède à un repérage des lieux. L'objectif ? Connaître quantitativement et qualitativement (nombre de femelles, mâles, jeunes, sociabilité des chats) la colonie de chats et déterminer ses habitudes (heure de présence, endroits préférés, points de nourrissage,..). Des trappes sont ensuite posées sur des zones clés (points de nourrissage, par exemple). Lorsqu’un chat se fait prendre, la trappe est couverte pour qu’il se sente en sécurité. L’opération est renouvelée autant de fois qu’il y a de chat.
Les chats sont ensuite amenés chez le vétérinaire pour être stérilisés et identifiés. L’identification du chat lors d’une campagne de stérilisation est indispensable. En effet, elle permettra de dire que ce chat est la propriété de la commune où il a été piégé. Cela permettra d’établir son suivi lors des années suivantes. Selon les associations et l’état général de l’animal, celui-ci peut également être vermifugés et avoir un bilan de santé.
Les chats sont gardés quelques jours (2 pour les mâles, 6 pour les femelles ou plus selon leur état) dans des cages de convalescence. Lorsqu’ils sont remis de l’opération, les sauvages sont remis sur leur lieu de vie. Les autres sont placés en famille d’accueil en vue d'être proposé à l'adoption. Les chats relâchés sur site sont appelés chats libres. Ils sont alors suivis par des nourrisseurs. Ces derniers peuvent ainsi l'association lors de l’arrivée d’un nouveau chat. Celui-ci est alors trappé et stérilisé. Les nourrisseurs surveillent également l’état sanitaire des chats de la colonie, évitant ainsi la contamination des chats domestiques.
Zoom sur les conventions de stérilisation
Les mairies et les associations de protection animale s’engageant pour la stérilisation des chats libres peuvent recevoir une aide de diverses fondations. Pour en bénéficier, il faut alors qu’une convention soit signée entre la mairie et une association de protection animale.
Le saviez-vous ? Les mairies et les associations de protection animale s’engageant pour la stérilisation des chats libres peuvent recevoir une aide de diverses fondations.
Celle-ci doit clairement stipuler que les chats errants seront stérilisés et protégés. Et qu'en aucun cas il ne sera fait appel à la fourrière ou a d’autres services de régulation prônant l’euthanasie. Cette aide se présente sous forme de bons de stérilisation et d’identification remis aux vétérinaires ou sous forme de participation aux factures réglées directement au vétérinaire.
La stérilisation des chats errants : soyons tous responsables et impliqués !
En tant que particulier, il est de votre devoir d’informer les associations lorsque vous constatez la présence d’un ou plusieurs chats errant. Car ce qui est regrettable, c’est de faire appel aux associations lorsqu’il y a déjà sur site plus d’une vingtaine d’individus générant des plaintes.
Le saviez-vous ? Un chat non stérilisé peut engendrer plus de 20 000 descendants en 4 ans !
Plus le problème est pris à la racine, plus vous rendrez service aux animaux. En effet, ceux naissant dehors n’ont jamais connu la main de l’homme. Il sera difficile voire impossible pour les associations de les socialiser et de leur trouver un foyer.
Ai-je le droit de m’occuper et de nourrir des chats errants ?
Vouloir prendre soin d’un ou plusieurs chats errants est une belle initiative qui va générer des contraintes évidentes et des obligations. Le mieux est donc de vous mettre rapidement en contact avec la mairie et les associations de votre région. En effet, il est possible que ces chats soient des chats libres et non des chats errants. Si c’est le cas, vous pouvez tout simplement demander à entrer en contact avec le nourrisseur qui s’occupe d’eux afin de vous partager le travail ou de vous relayer auprès des félins.
Dans le cas contraire, sachez qu’il n’est pas permis en tant que tel de nourrir les chats errants. Les règlements sanitaires le soulignent tous. En nourrissant les chats errants, vous augmentez leur qualité et leur durée de vie favorisant ainsi leur surnombre.
« Il est interdit de jeter ou déposer des graines ou nourriture en tous lieux publics pour y attirer les animaux errants, sauvages ou redevenus tels, notamment les chats ou les pigeons. La même interdiction est applicable aux voies privées, cours ou autres parties d’un immeuble lorsque cette pratique risque de constituer une gêne pour le voisinage ou d’attirer les rongeurs. Toutes mesures doivent être prises si la pullulation de ces animaux est susceptible de causer une nuisance ou un risque de contamination de l’homme par une maladie transmissible. »
Art. 120.
Nourrir des animaux errants oui mais pas n'importe comment !
Alors quoi, vous devriez les laisser mourir de faim ? La réponse est non ! Mais si vous décidez d’intervenir, il faut le faire de manière responsable en vous assurant que votre intervention ne causera pas de problème plus grave comme la surpopulation d’une espèce favorisant la disparition et la dégradation d’un éco-système. Si les chats que vous nourrissez n’ont pas de protecteur, vous pouvez demander à la mairie et aux associations si elles accepteraient de vous aider pour les faire stériliser. Vous aurez ainsi peut de chance d’être attaquée par votre municipalité ou par le voisinage car le nourrissage de chats stérilisés n’engendre pas de nuisances.
Les associations peuvent vous aider de différentes manières :
- piéger à votre place ;
- prêter le matériel pour piéger ;
- faire bénéficier de tarifs associatifs pour la stérilisation ;
- offrir des bons de stérilisation ;
- fournir une aide alimentaire ;
- prendre en charge les chats ;
- ...
C’est très variable selon les associations, leur capacité d’intervention et d’accueil ainsi que leurs moyens financiers. Si vous n’êtes pas prêt à vous lancer dans ce parcours du combattant, n’agissez pas du tout ou bien contentez-vous de signaler la présence de ces chats errants à la mairie et aux associations de votre région.
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Stériliser et identifier, c’est protéger !
Les propriétaires d’animaux doivent également prendre conscience que la vie sexuelle du chat n’est pas compatible avec la vie urbaine. Si nous sommes assez inconscients et laxistes pour laisser nos chats sortir non stérilisés et tolérer que « la nature suive son cours », nous provoquons chaque année et imposons à nos voisins, plusieurs portées de chatons dont les quelques survivants deviendront sauvages et grossiront le contingent des chats errants. Le maire a aussi la responsabilité d'informer ses habitants de la nécessité de faire stériliser leurs animaux de compagnie.
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L'identification : un acte obligatoire pour protéger nos animaux
Au- delà de la stérilisation, il est aussi important de rappeler que l'identification est obligatoire ! En effet, les propriétaires d'animaux non identifiés encourent d'une amende forfaitaire. Mais l'identification est surtout un acte de protection.
"Est considéré comme en état de divagation tout chat non identifié trouvé à plus de deux cents mètres des habitations ou tout chat trouvé à plus de mille mètres du domicile de son maître et qui n'est pas sous la surveillance immédiate de celui-ci, ainsi que tout chat dont le propriétaire n'est pas connu et qui est saisi sur la voie publique ou sur la propriété d'autrui ».
article 2 de la loi du 22 juin 1989 codifié à l'article 213-1 du Code rural
Dans le meilleur des cas, le propriétaire sera invité à récupérer son animal directement en refuge après s’être acquitter des frais relatifs à la mise en norme de l’animal. Lorsque le propriétaire ne se manifeste pas, l’animal est proposé à l’adoption. Votre municipalité n’a pas recours aux campagnes de stérilisations pour limiter la prolifération de l’espèce ? Sachez que votre chat risque tout simplement l’euthanasie après un délai de quelques jours en fourrière.
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Echec des alternatives aux campagnes de stérilisations
L'approche traditionnelle consistait à « capturer et tuer ». Le nombre de chats sauvages actuel est une preuve suffisante de l'échec de cette méthode. Les raisons de cet échec sur le long terme sont claires. De plus, même si tous les chats d'une colonie sont attrapés et retirés, la population ne sera pas diminuée sur le long terme. C'est « l'effet de vide ». Une colonie de chats sauvages est entourée par d'autres groupes de chats présents sur les territoires voisins. Si une colonie est éradiquée mais que ses sources de nourriture sont toujours présentes, les chats des territoires voisins vont se déplacer et se reproduire.
Pourquoi ne pas retirer les sources de nourriture en même temps que les chats pour éviter cela ? C'est plus facile à dire qu'à faire. Les sources de nourriture rassemblent les déchets journaliers d'un restaurant, les ordures laissées sur le trottoir pour les éboueurs, les boîtes de nourriture que les gardiens des chats laissent traîner. De plus, essayer de faire partir les chats en les privant de nourriture est une méthode à la fois cruelle et complètement inefficace. On obtient souvent l'effet contraire - ils se rapprochent. Les chats sauvages sont très attachés à leur territoire et au lieu de partir pour chercher de la nourriture ailleurs, vont empiéter sur les habitations humaines à la recherche de moyens de subsistance.