Alors que nos voisins Wallons viennent tout juste d'adopter une révision du code sur le bien-être animal très bien accueilli par les associations de défense des animaux, il est à se demander où en est la France en la matière ? Fortement critiquée et montrée du doigt par son retard vis-à-vis des autres pays européens, voici un petit tour d'horizon sur les mesures déjà mises en places sur le territoire français.
Les textes de référence sur la protection animale
La protection de l’animal est encadrée par les textes suivants :
- Code rural et de la pêche maritime : articles L214-1 à L214-4 / Protection des animaux
- Code pénal : article R654-1 / Mauvais traitements (sanction)
- Code pénal : article 521-1 / Abandon, sévices graves, acte de cruauté (sanction)
- Code pénal : article R653-1 / Atteintes involontaires à la vie ou à l'intégrité (sanctions)
- Code pénal : article R655-1 / Atteintes volontaires à la vie ou à l'intégrité (sanctions)
- Arrêté du 25 octobre 1982 relatif à l'élevage, à la garde et à la détention des animaux / Conditions de détention des animaux
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Maltraitance animale : que disent les textes de loi ?
La loi distingue différents types de sévices : les mauvais traitements, les sévices graves, les abandons et les actes qui portent atteintes à la vie ou à l'intégrité de l'animal.
Les mauvais traitements
Infliger des mauvais traitements à un animal est passible de 750 euros d’amende. Tous les animaux sont concernés qu’il s’agisse d’un animal domestique ou non domestique, soumis ou non à autorisation. Le propriétaire d'un animal doit respecter des obligations de soins, conditions de détention adaptées, nourriture, etc …
Les sévices graves et la cruauté
La personne qui exerce des sévices graves (en public ou non), des actes sexuels ou qui commet un acte de cruauté envers un animal domestique, apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de :
- 2 ans de prison,
- et 30 000 € d'amende.
L’abandon
Le propriétaire qui abandonne son animal peut être puni de :
- 2 ans de prison,
- et 30 000 € d'amende.
Porter atteinte à la vie ou l’intégrité de l’animal
Blesser un animal ou entraîner sa mort involontairement est puni de 450 € d'amende même si la blessure ou la mort a été entraînée par :
- maladresse,
- imprudence,
- inattention,
- négligence,
- ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence réglementaire.
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Blesser un animal ou entraîner sa mort volontairement est puni de 1 500 € d'amende (3 000 € en cas de récidive).
On peut s’indigner sur le premier et le dernier cas pour lesquels les sanctions paraissent bien ridicules. Comment espérer lutter contre la maltraitance avec des sanctions si faibles ? Il est déjà difficile de poursuivre les auteurs d’actes de cruauté ou de maltraitance. Mais comment défendre la cause animale lorsque les lois ne permettent pas de prononcer des sanctions véritablement dissuasives ? Dans tous les cas, le juge peut prononcer, à titre complémentaire, l'interdiction définitive ou provisoire de détenir un animal. En cas de condamnation du propriétaire ou si le propriétaire est inconnu, le tribunal peut décider de remettre l'animal à une association de protection animale. Celle-ci pourra en disposer librement.
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Témoin de maltraitance : que dois-je faire ?
En cas de maltraitance, vous devez contacter :
- les autorités (gendarmerie, commissariat de police, services de la préfecture...),
- les services vétérinaires de la direction départementales de protection des populations,
- une association de protection animale.
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Qu'en est-il du côté de la jurisprudence ?
La France est loin de condamner à hauteur de ce que la loi permet. Heureusement que des associations de protection animale, comme la Fondation Brigitte Bardot ou 30 Millions d’amis, se constituent partie civile. Elles poursuivent les auteurs d’actes de maltraitance envers les animaux pour obtenir justice pour ces derniers. Les Etats-Unis sont bien moins laxistes. En 2013, un habitant de Lake Charles a été condamné à 10 ans de prison dont 5 ans avec sursis. Il a dû aussi payer une amende de 5000 $. Son crime ? Voler et maltraiter un jeune Pitt Bull.
« De tuer les animaux à tuer les hommes, il n’y a qu’un pas. Tout comme de faire souffrir les animaux à faire souffrir les hommes ».
Léon Tolstoï - écrivain russe 1828-1910
Pourtant certaines décisions nous font espérer une prise de conscience de la justice française :
- 2014. L’homme qui avait lancé son chat Oscar contre un mur à Marseille a été condamné à 1 an ferme. Il a aussi l'interdiction de détenir un animal.
- 2018. 1 an de prison dont 6 mois ferme pour l'homme qui a torturé ETNA, un chiot croisé Labrador à Nantes.
- 2018. 4 mois de prison avec sursis et 180 heures de TIG, pour la propriétaire du chien et du chat retrouvés morts dans un appartement du Beaujolais. Elle doit également 4800 euros d'indemnisation pour les parties civiles. Et elle a une interdiction à vie d'avoir des animaux de compagnie.
Une mobilisation de plus en plus forte de l'opinion publique
Les peines sont encore souvent faibles et insuffisantes. On constate tout de même une mobilisation de l’opinion publique qui permet certaines condamnations exemplaires. Bien entendu, les peines sont souvent surprenantes car sans corrélation les unes avec les autres. On constate de la prison ferme pour le lanceur de chat qui heureusement a survécu. Mais seulement du sursis pour la propriétaire de deux animaux morts de faim suite à leur abandon. Pourquoi ? Car le juge prend en compte l’état d’esprit de l’auteur des faits. Mais aussi ses conditions de vie, le degré de sadisme de l'acte, l’expression ou non de remords …
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